Hans Ulrich et Johannes Grubenmann étaient charpentiers à Teufen.
Ils ont construit des ponts : Schaffausen en 1755, Reichenau , Wettingen en 1758, d’une portée de 55 à 73 m.
Le principe retenu est une combinaison d’arcs sous-tendus et de fermes, en chêne.
Très belle maquette à voir
ici
Il n’y a pas de rupture nette avec les principes
des ponts précédents, mais, dans la volonté de dépasser
les portées usuelles, une mise en collaboration dans une structure hyperstatique,
d’un grand nombre de pièces de bois, concourant, les unes à former des arches,
les autres des tirants, les dernières enfin des suspentes accrochant le tablier
sous la toiture protectrice.
Des chercheurs de l’IBOIS ont validé (voir en pdf) par le calcul
l’approche des frères Grubenmann, mais est-ce possible ?
Au-delà des siècles, on a envie de relier cette approche à celle de Luigi Nervi :
« tous les systèmes réels … ne sont que la conséquence d’une
tentative providentielle de la structure pour trouver la situation
d’équilibre qui corresponde le mieux à sa nature, dépassant ainsi nos
connaissances imparfaites » (Savoir construire, Ed. du Linteau, 1997)
ou, plus proche dans le temps, de celle Cecil Balmond :
De la même manière que Nervi dénie que l’on puisse identifier
parfaitement le trajet des forces, Balmond aime à parler de flux ,
de choses plus floues :
«Instead of line-surface ; instead of equi-support,scatter ;
instead of fixed centre-a moving locus; instead of points-zones.”
(“Informal”, Prestel, 2007)
C’est à cela que font penser les magnifiques ponts des frères
Grubenmann, du moins à travers les représentations qui nous en reste :
des nuages de bois, flottant sur les rivières.
Alors, ingénieurs, charpentiers, qu’importe ?
Seuls le courage et l’imagination comptent.